La diversification des modes de rémunération des professionnels de santé constitue un enjeu majeur pour l’avenir des Maisons de Santé Pluridisciplinaires (MSP). Alors que le modèle à l’acte reste dominant, l’étude « ERA2 » (Évaluation des Rémunérations Alternatives à l’Acte) menée par l’IRDES ouvre des perspectives nouvelles pour les structures souhaitant adopter des pratiques innovantes et mieux répondre aux besoins des populations.
Une évaluation au cœur des pratiques alternatives
Le rapport ERA2 se penche sur des dispositifs expérimentaux qui complètent ou remplacent la rémunération à l’acte par des approches forfaitaires ou basées sur la performance. Ces modèles ont été testés dans divers contextes et offrent des éclairages précieux sur leurs impacts en termes de qualité des soins, de collaboration interprofessionnelle et d’efficacité économique.
Des points forts indéniables
Selon l’étude, les alternatives à l’acte présentent plusieurs avantages :
-
Une amélioration de la coordination des soins : les dispositifs forfaitaires encouragent une vision globale du patient et renforcent le travail en équipe.
-
Un temps médical mieux utilisé : les professionnels peuvent consacrer davantage de temps à l’accompagnement des patients atteints de maladies chroniques ou présentant des besoins complexes.
-
Une réduction des inégalités : les systèmes alternatifs permettent de mieux prendre en compte les populations fragiles ou résidant en zones sous-dotées.
Des défis à relever
Malgré ces atouts, l’adoption de nouveaux modes de rémunération n’est pas sans obstacles. L’étude identifie notamment :
-
La complexité des dispositifs : la mise en place de forfaits ou de rémunérations basées sur la performance nécessite une adaptation administrative et technique significative.
-
Le risque d’effets pervers : certaines incitations pourraient décourager la prise en charge de patients à haut risque ou orienter les efforts vers des objectifs trop restreints.
-
L’acceptabilité par les professionnels : des changements culturels et organisationnels sont indispensables pour faire émerger une adhésion collective.
Ce que les MSP peuvent retenir
Pour les MSP, ces évaluations apportent des repères clés dans le choix des modèles à promouvoir. En tant que représentant de la fédération, plusieurs pistes d’action peuvent être envisagées :
-
Encourager les expérimentations locales : favoriser l’adoption de dispositifs pilotes pour tester les alternatives dans des contextes variés.
-
Renforcer la formation : accompagner les professionnels dans la compréhension et la mise en œuvre des nouveaux systèmes de rémunération.
-
Faire remonter les besoins du terrain : plaider pour des modèles adaptés aux spécificités des territoires et des patients.
-
Valoriser les pratiques réussies : partager les bonnes pratiques et démontrer l’impact positif sur les soins.
Les enseignements du rapport ERA2 montrent que la diversification des rémunérations est une voie prometteuse pour améliorer l’efficacité et l’équité du système de santé. Pour les MSP, ces nouveaux modèles peuvent être un levier stratégique pour attirer et fidéliser les professionnels, tout en offrant des soins de qualité adaptés aux besoins des patients.
Alors que les attentes des citoyens en matière de santé évoluent, les MSP ont l’opportunité de se positionner comme des pionnières dans l’adoption de ces pratiques innovantes. Il est temps de transformer ces évaluations en actions concrètes pour un avenir plus solidaire et plus efficace.
